A jouer sous silence, dans un Palais des sports vide, on en vient à oublier que les rendez-vous sont d’importance pour l’ASPTT Mulhouse. Après le choc au sommet face à Béziers, perdu au tie-break, les coéquipières de Léandra Onlinga Andela ont l’occasion de reprendre la première place de la Ligue A féminine, mercredi soir, à condition de battre Mougins en trois ou quatre sets. Ce qui constitue toujours un événement. Un événement comme l’a été, pour Julia Casadéï, le choc face à Béziers. A 16 ans, pensionnaire du centre de formation, elle a figuré pour la première fois de sa jeune carrière sur la feuille de match chez les pros. Pareil baptême, à savourer sans modération, aurait mérité ovation et émotion dans un Palais en configuration « prestige » telle que l’affiche l’exigeait. En vain… « Bien sûr que j’aurais aimé qu’il y ait du public, avoue Julia Casadéï. Mais, je me contente du plaisir de réaliser une petite partie de mon rêve… J’ai toujours rêvé d’être pro ». Mercredi prochain, il n’y aura pas davantage de public. Mais, après un baptême marqué d’une défaite, elle pourrait connaître le bonheur d’une confirmation victorieuse. « C’est ce que j’attends de ce match contre Mougins » confie la jeune Mulhousienne.
Ces soirées, Julia Casadéï les a attendues longtemps. Initialement, elle était retenue dans le groupe pour jouer Le Cannet, Mougins puis Saint-Raphaël. A chaque fois, le match a été reporté… « Je n’ai jamais perdu espoir, explique le jeune talent. Je savais qu’un jour ou l’autre, cela arriverait. Mais, ce n’est pas parce que je suis dans le groupe pro que je considère d’être arrivée… Ce qui m’arrive, c’est juste une récompense à mes efforts à l’entraînement. Ce n’est qu’une étape dans ma vie de volleyeuse ! »
A 16 ans, cet authentique espoir du volley alsacien s’est déjà constitué une belle carte de visite. Après avoir fait ses gammes au Baby-Volley à Kingersheim et avec les poussines de l’ASE Rixheim, Julia Casadéï a été championne de France M13 avec Rixheim, vice-championne de France M15 avec l’ASPTT Mulhouse puis championne de France M15, l’année suivante, à nouveau sous les couleurs rixheimoises. Libéro en N2, la saison dernière avec l’ASER, Julia Casadéï a déjà connu les honneurs du maillot de l’équipe de France avec les U16 et, en début d’année pour la qualification aux championnats d’Europe, avec les U17. Il est vrai, qu’elle a de qui tenir… Il y a une trentaine d’années, une certaine Sophie Voegtlin connaissait le même parcours. Le maillot bleu en moins mais la Coupe d’Europe en plus. C’est elle qui avait précédé Térésa Worek, à la passe, pour orchestrer l’ASPTTM lors de l’accession en N1A (en 1992) et des premières saisons mulhousiennes au sein de l’élite française. Sans oublier la première épopée en Coupe d’Europe (1993/1994) dont l’exploit face à Prague qui avait ouvert les portes des quarts de finale à une équipe postières alors composée de six Alsaciennes sur un effectif de neuf joueuses.Or Sophie, aujourd’hui mariée à Christophe Casadéï, est la mère de Julia. « Il y a deux raisons qui justifient que je sois fière d’elle, confie la maman à l’égard de sa fille. D’abord, je suis fière de ce qu’elle a fait et de son parcours. Ensuite, elle appartient à une génération où il y a beaucoup plus de travail à réaliser pour réussir, plus d’investissement, plus de concurrence, par rapport à ce que j’ai connu. J’ai eu la chance de grandir avec une équipe. Julia doit se faire sa place toute seule. C’est une super école de la vie pour elle… Elle est dans un monde où rien n’est jamais acquis ! » Pas même la victoire de ce mercredi face à un adversaire devenu modeste, qui lutte aujourd’hui pour son maintien en Ligue A féminine, après avoir été le surprenant leader du championnat avec trois victoires de rang pour commencer.
Christian Entz
Photo dans l’article : Sophie Casadei est la 3ème en partant de la gauche