La Turquie se mérite

Publié le
Un sport, une ville, un territoire

Aksaray n’a rien d’une charmante bourgade de l’Anatolie centrale où canyons et grottes font le bonheur des amateurs de grands espaces. Aksaray est une ville de quelque 450000 habitants, au pied des hauts-plateaux anatoliens, où le froid sévit (-7 degrés ce mardi) et où le manteau neigeux rend l’endroit moins triste que ses mœurs. En revanche, comme autrefois, c’est au doux chant du muezzin que l’on se réveille.

À Aksaray, le volley féminin est roi par la volonté d’un fabricant de tuyaux, Kuzeyboru, propriétaire du club, dont le budget reste un sujet tabou, selon Betula Beyaz, le conseiller municipal mulhousien, qui fait office de traducteur pour la délégation alsacienne. Kuzeyboru s’est donné les moyens de chatouiller la hiérarchie stambouliote trop bien établie par les plus illustres Vakifbank, Fenerbahçe, Eczacibasi et autres Galatasaray. Pour cela, il s’est doté de quelques renforts du top mondial dont la Russe Anna Lazareva, désormais hors de prix pour le championnat français. « En Turquie, les charges sociales sont de 20 % contre 105 % en France et le salaire des joueuses net d’impôts, explique la manager mulhousienne Magali Magail. Nous n’avons aucune chance de rivaliser financièrement ! » C’est pourtant ce que les Mulhousiennes tenteront de faire ce mercredi sur le taraflex du Aksaray Spor Salonu qu’aucune Mulhousienne n’avait jamais foulé avant l’entraînement de ce mardi. Un entraînement réalisé dans la bonne humeur, mais qui n’a pas totalement satisfait François Salvagni.

« Le problème, c’est qu’on reste sur deux matches face à Marcq-en-Barœul et Chamalières et que, là, nous allons changer de catégorie, confie le coach. Face à Kuzeyboru et Nantes, il va falloir hausser le niveau ! »

« C’est un match très compliqué qui nous attend, avoue Pablo Sanchez, le coach-adjoint du VMA qui a étudié et décortiqué 12 matches des Turques. Avec Anna Lazareva, qui est capable d’attaquer des balles rapides avec une prise de balle très haute, et une centrale, Dimitrova, tout aussi efficace sur balles accélérées, il faudra servir très fort. Je suis, toutefois, convaincu que nous avons des options à exploiter ». Sans tomber dans des excès de confiance, le président Daniel Braun abonde dans le même sens : « Je reste sur la bonne impression affichée samedi par les filles. Avec le même état d’esprit et le même engagement, j’y crois ! »

Ce son de minaret, maintes fois entendus, n’a encore jamais été suivi d’effet en Turquie où Mulhouse n’a encore jamais gagné. Pire… Le VMA et son ancêtre postier restent sur une série de 22 défaites consécutives face aux sept adversaires turcs rencontrés à ce jour. Léa Soldner et ses amies ont, là, l’occasion d’entrer dans la légende… À elles de montrer qu’elles sont dignes de leurs ambitions !

Christian Entz, à Aksaray