Un sport, une ville, un territoire
Les grands crus classés du bordelais datent de 1855 en ce qui concerne le doux breuvage qui font la réputation de sa région. 170 ans plus tard, il va falloir considérer, aussi, le cru exceptionnel de ses volleyeuses qui vont probablement réussir le pari d’être qualifiées pour les play-offs dès leur première saison au sein de l’élite professionnelle. Certes, cela s’est déjà vu… Même Mulhouse peut se vanter d’avoir fait mieux quand, en 1993, l’ASPTTM de Brigitte Trouillet avait atteint le podium de la Nationale 1A de l’époque en étant promu. Mais, là où Bordeaux épate, c’est dans la composition de son groupe et du niveau de performance atteint. À l’exception de la Lituanienne Monika Salkuté (ex-Paris/Saint-Cloud et Aix/Venelles), le vécu des Bordelaises les plus expérimentées, avant cette saison, est limité à une saison en pro dans des clubs jouant les seconds rôles. Ce qui est notamment le cas pour la passeuse, Mathilde Walspeck (27 ans, 1,77m) qui, avec Evreux, a été championne de France Elite en 2021 puis 13ᵉ en Pro féminine la saison suivante en faisant l’essentiel de sa carrière à Calais (2014 à 2018), Evreux (2018 à 2023) et à Romans la saison dernière.
L’exemple le plus frappant est très certainement celui de la Monténégrine Katarina Budrak (26 ans, 1,96m) qui a transité par le centre de formation de l’ASPTT Mulhouse de 2017 à 2020. « Elle était alors attaquante-réceptionneuse, se souvient Martin Panou, l’ex-coach mulhousien. Il m’arrivait de faire des séances d’entraînement individuelles avec elle qui voulait progresser. Quand elle est partie, contre mon gré, je lui ai dit de se reconvertir au centre. C’est ce qu’elle a fait… Et, avec succès si j’en juge par ses performances à Bordeaux ! » En quittant Mulhouse, Katarina Budrak est allée à Saint-Chamond (2020/2021, 14ᵉ en Elite) avec Mathilde Schoenauer, à Sens (2021/2022, 7ᵉ en Elite), à Bordeaux (2022/2023, 2ᵉ en Elite et vainqueur de la Coupe de France fédérale) avec Manon Jaegy, à Romans (2023/2024, 4ᵉ en Elite) avant de signer son retour à Bordeaux avec la Tchèque Eva Svoboda (2ᵉ meilleure marqueuse du championnat 354 points derrière Morghan Fingall du Cannet 401 point). Aujourd’hui, Katarina Budrak figure en 4ᵉ position des meilleures centrales de la Saforelle Power 6 derrière Jazmine White (Paris/Levallois), Mara Kirov (Le Cannet) et Valerin Carabali de la Cruz (Vandœuvre/Nancy). Un rang qu’il convient toutefois de relativiser puisque la Mulhousienne Annayka Legros, aux stats exceptionnelles en tant que centrale, est classée avec les attaquantes/réceptionneuses.
Invaincu en 2025, Bordeaux reste sur quatre victoires consécutives en championnat (Quimper 3-1, à Terville 3-0, à Marcq-en-Barœul 3-2 et Cannes 3-0) et même une 5ᵉ avec la victoire enregistrée face au Cannet (3-0) en Coupe de France. Avec la sanction confirmée en appel par le gendarme financier de la LNV, qui prive Vandœuvre/Nancy de participer aux play-offs, Bordeaux a désormais six points d’avance sur le premier éliminé. Autant dire que les joueuses de Guillaume Condamin n’auront pas de pression à l’inverse des Mulhousiennes. Certes, ces dernières ont renoué avec la victoire à Marcq-en-Barœul (3-2), samedi dernier, mais sans se rassurer.
Acquise par un groupe solidaire, cette victoire a été marquée par des séquences euphoriques, parfaitement maîtrisées aux 1ᵉʳ et 4ᵉ sets (25-21 et 25-18) puis au tie-break jusqu’à 13-8. Mais aussi d’autres où la panique générale a sévi, notamment dans le money-time, à l’image d’une fin de match à déconseiller aux cardiaques (13-8, 14-14, 16-14). L’aspect positif à retenir, c’est que le VMA a réussi à forcer la décision sur quelques grosses défenses, preuve d’un engagement certain, et que Reagan Rutherford est montée en puissance. Pour peu que Katelyn Evans et Jasmine Gross, qui ont été deux grandes attaquantes ces deux dernières saisons et dont on attend beaucoup mieux, se mettent au diapason avec la passeuse Enora Danard Selosse*, le VMA a de solides arguments à faire valoir.
Sur le papier, par rapport au palmarès des Bordelaises, les Mulhousiennes ont valeur de stars ce samedi. À elles de prouver qu’elles sont dignes de leur carte de visite !
Christian Entz
*Victime d’une déchirure musculaire au mollet, Alejandra Marin est arrêtée jusqu’au 3 mars.
Gros plan sur l’adversaire
BORDEAUX-MÉRIGNAC
Arrivées : Walspeck (ex-Romans, Elite Acess), Salkuté (ex-Vilsbiburg, All), Svobodová (ex-Romans, Elite Acess), Budrak (ex-Romans, Elite Acess), Plat (ex-Évreux, Elite Acess), Henrard (Saint-Dié, Elite Acess)
Départs : Lecrosnier (Rennes, Elite), Bakana (Évreux, Elite), Miniuk (Sens, Elite), Hanquiez (arrêt)
Effectif : Mathilde Walspeck (1,77m, P, 27 ans), Monika Salkuté (1,85m, Litu, A/R, 31 ans), Daniela Nielson Ramella (1,74m, Arg, A/R, 26 ans), Eva Svobodová (1,81m, Rép tchè, A/R, 27 ans), Julie Henyo (1,78m, AT, 22 ans), Katarina Budrak (1,96m, Mont, CC, 26 ans), Constance Plat (1,87m, CC, 25 ans), Sara Romati (1,67m, L, 22 ans), Anna Janelle (1,76m, L, 28 ans), Santita Ebangwese (1,82m, USA, CC, 27 ans), Roxane Henrard (1,78m, P, 29 ans)
Coach : Guillaume Condamin.
