Le repos dominical n’a pas suffi aux Mulhousiennes pour panser les plaies encore profondes laissées par Terville/Florange. Il y a, à la fois, la manière et le contexte, avec des moyens lorrains limités, par rapport au standing mulhousien, qui font de cette dernière défaite une véritable insulte. Et, seule une victoire à Cannes serait de nature à guérir un collectif dont la confiance en soi est encore à démontrer.
Lundi matin, au départ du Palais pour l’EuroAirport, le temps frisquet arrangeait bien les choses. Emmitouflées dans les doudounes ou parkas, les Mulhousiennes avaient de bonnes raisons pour se cacher. Difficile de dire si certaines se sentaient coupables. « Je ne comprends toujours pas ce qui a pu se passer, confiait Léa Soldner en attendant l’embarquement. Je ne m’étais encore jamais sentie aussi bien, cette saison, que dans les deux premiers sets. C’était fluide… Limpide ! Je sentais l’équipe sûre d’elle et le score (25-17, 25-15) confirmait mon ressenti. Je me suis même dit : cette fois, c’est parti ! Et, soudain, tout a basculé… Il y a, bien sûr, le changement de passeuses à Terville avec un jeu beaucoup plus accéléré et la rentrée d’une centrale très expérimentée… Mais, cela n’explique pas tout ! Notamment, pourquoi avons-nous perdu notre sérénité ? Je n’ai toujours pas de réponse… J’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, dans la nuit de samedi à dimanche, et je n’ai pas été la seule dans ce cas ! »
Le survol des Alpes par un temps idyllique et l’arrivée du vol au-dessus des flots d’une Méditerranée, légèrement agitée, a eu le don de changer le décor. Et comme le dit la chanson, la misère est moins pénible au soleil ! Alors, forcément, les rayons de soleil et les quinze degrés ambiants se devaient d’apporter leur contribution pour faire le deuil de l’échec lorrain et laisser place à un nouveau défi. En l’occurrence, celui qui consiste à s’attaquer à un club de légende, mais dont le vernis disparaît au fil du temps.
Le VMA invaincu à Cannes depuis 2018
Club le plus titré de France avec deux Ligues des champions et 21 titres de champion de France, le RC Cannes n’a plus son lustre d’antan malgré la présence d’un coach renommé, Riccardo Marchesi (ex-Scavolini Pesaro, Piacenza, Le Cannet, Radom en Pologne), qui a déjà mené les Cannoises au titre de championnes de France en 2019 et à la victoire en Coupe de France en 2018. Malgré cette carte de visite prestigieuse, Cannes n’aura pas les faveurs du pronostic face à un VMA qui n’a plus perdu à Cannes depuis le 10 novembre 2018. Une défaite concédée au tie-break (16-14) lors d’un match comptant pour la 4ᵉ journée de championnat.
Encore mieux, au cours de ces six dernières années, depuis le 15 janvier 2019, les volleyeuses mulhousiennes ont enregistré, aux dépens du RC Cannes, 17 victoires en 18 matches. Le seul succès cannois date du 3 décembre 2022 et a été obtenu au Palais des Sports Gilbert Buttazzoni lors de la 10ᵉ journée de championnat en Ligue A féminine. Le présent n’est guère plus avantageux aux Cannoises puisque depuis cet échec de 2022, le VMA reste sur une série de six victoires consécutives aux dépens de ces dernières. Quant au classement du moment, en Saforelle Power 6, il fait état d’une avance de 16 points aux Mulhousiennes (5ᵉˢ) loin devant des Cannoises qui devancent uniquement France Avenir. Néanmoins, ces chiffres ne sont que de vagues probabilités que le sport a pris l’habitude de bafouer et, tout particulièrement, quand il s’agit de Coupe de France dont le RC Cannes s’avère un spécialiste.
Si le déclin cannois est avéré en championnat, force est de constater que la Coupe de France reste l’apanage des Cannoises. Il est ainsi curieux de constater que sur quatre des dernières Coupes de France, il y avait toujours ou Mulhouse ou Cannes en finale. Quant à leur dernier face à face dans cette épreuve, il date de 2020 quand la défunte ASPTTM avait battu le RC Cannes dans le match pour la 3ᵉ place.
Jessica Kosonen est rétablie
Parmi les éléments qui plaide la défense du VMA, il y a l’intégration récente de Reagan Rutherford. Avant Terville, elle n’avait que dix heures de travail collectif avec un gros décalage horaire à compenser. Ce détail a pesé dans la pagaille des trois derniers sets face aux Lorraines. Il est certain qu’avec une meilleure adaptation, la nouvelle Américaine du VMA va envoyer du lourd. Et peut-être bien dès ce mardi. De plus, Jessica Kosonen, peu exploitée samedi dernier en raison d’un souci au tendon d’Achille, est désormais opérationnelle grâce aux soins d’Andrea Milvojevic. L’attitude des unes et des autres au dernier
entraînement de ce lundi à Cannes, avec une mention pour l’audace des jeunes Enora Danard-Selosse et Julia Casadéi, le punch de Romy Jatzko et l’engagement de Christelle Nana, est également source d’espoirs. L’état-major mulhousien a mis les moyens pour ce tour de Coupe de France en dépêchant quatre entraîneurs (François Salvagni, Pablo Sanchez, Charles Gauthier et Fabio Tisci appelé à remplacer Maciej Juszt), au sein de la délégation alsacienne, pour accompagner un VMA toujours en course en championnat comme en Coupe. Rien n’a été laissé au hasard… Mais, la seule vérité sera celle du terrain !
À Cannes, Christian Entz
En chiffres
20
C’est le nombre de Coupes de France remportées par Cannes entre 1996 et 2018. Soit 20 fois plus que Mulhouse qui n’en compte qu’une. Celle du doublé en 2021 remportée dans la confidence due aux mesures sanitaires imposées par la lutte contre le Covid. Les Mulhousiennes ont perdu cinq finales (2024, 2012, 2010, 2009, 2000) dont les quatre premières face à Cannes de la génération des Yan Fang et autres Victoria Ravva.