L'Alsace du 12/12/14 : Le coup de colère de Magail
L’ASPTT Mulhouse a été surclassée (3-0) par Novara, mercredi soir en Italie, en match aller de la Coupe d’Europe. En attendant de recevoir Istres, ce samedi à 20h au Palais des sports, le coach postier Magali Magail a piqué une légitime colère.
Dire que Magali Magail faisait la gueule mercredi soir, après la défaite des Mulhousiennes face à Novara, est une formule plutôt aimable pour qualifier l’humeur du coach. Le Gorgonzola du sponsor local avait du mal à passer et si Magali Magail avait pu fracasser son assiette sur la table, nul doute que cela l’aurait beaucoup soulagée. « Si je me lève tous les matins, c’est pour avoir la chance de vivre des matches de ce niveau , lâchait-elle entre deux regards furieux. Alors quand je vois le complexe d’infériorité que certaines peuvent avoir, j’ai envie de leur dire qu’il faut qu’elles changent de métier ! »
Des Mulhousiennes trop impressionnées
Le ton est sévère, mais légitime. Sur le papier, il faut se rendre à l’évidence que les deux équipes n’évoluent pas dans la même catégorie. Mulhouse recrute ses Américaines dégagées de toutes contraintes internationales là où Novara s’offre la meilleure joueuse au monde… En pointe, la Croate Katarina Barun a gagné la Ligue des champions en 2007 avec Chieri et vient de Bakou. La capitaine Martina Guiggi a 226 sélections en équipe d’Italie, trois Coupes d’Europe de la CEV (2003, 2006, 2008), avec Novara et Pesaro, elle a remporté quatre titres italiens et a joué en Chine à Guangdong Evergrande la saison dernière. Quant à la jeune Italienne, Cristina Chirichella, de la même génération (1994) que Kama Diarra et Noémie Cély, il s’agit de la capitaine de la sélection nationale vice-championne d’Europe des moins de 18 ans. Et avec ses 1,95 m, elle s’est offert six contres gagnants en deux petits sets et 4/4 en attaque ! À côté de ça, même la meilleure Mulhousienne ne fait pas le poids et il faut admettre la différence. Sauf qu’il y a toujours manière à contester. Or si cette contestation a été effective à chaque début de manche (13-12, 13-10, 8-8), elle en a aussi été totalement absente par la suite.
Pour sa citation de la semaine, qui illustre son planning, Magali Magail avait choisi : « Ne limite pas tes défis, mais défie tes limites ! » Et dans ce domaine précis, elle n’a pas vraiment été entendue. « Dans ce match, j’avais demandé aux joueuses de prendre des risques, avoue le coach postier. Je les ai autorisées à accuser du déchet. S’il y avait des fautes à déplorer, j’étais prête à en prendre l’entière responsabilité. C’était notre seule chance de poser des problèmes à Novara. Or, avec trois services ratés, nous n’avons encore jamais enregistré aussi peu de fautes dans ce domaine et encore jamais marqué aussi peu d’aces… En fait, zéro ! À partir de là, je ne pense pas qu’on puisse dire que nous avons osé ! »
Alina Albu exempte de reproches
À côté de ça, le choix offensif a également été remis en question. Si Alina Albu a été sublime (8/10 en attaque) et si Petya Tsekova a tiré son épingle du jeu (6/13), les autres attaquantes n’ont pas été d’une grande efficacité (Bokan 2/13, Trach 2/11, Lazarevic 1/8 et Niemer 7/24). « Quand tu as une joueuse qui a 80 % de réussite, tu ne te poses pas de question , commente le coach postier. Tu joues avec elle. Au lieu de ça, on a envoyé les balles en bout de filet où ça ne marquait pas ! » Et, à l’inverse d’un block mulhousien absent dans les premier et dernier sets (1 contre gagnant), les Italiennes et plus particulièrement Cristina Chirichella (6 contres gagnants sur les 11 de Novara) ont profité du peu d’imagination du jeu postier.
Aujourd’hui, il reste à espérer pour l’ASPTTM que cette leçon piémontaise porte ses fruits ce samedi face à Istres (à 20 h). Ce qui serait toujours bon à prendre !
Article signé Christian Entz