L'Alsace du 17/09/13 : Gérard Reeb a passé la main
L’assemblée générale de l’ASPTT Mulhouse a connu quelques moments forts samedi matin avec le départ de Gérard Reeb, le président emblématique du club, remplacé par Daniel Braun.
Personnalités du volley-ball, du sport, de la Région, de collectivités et de nombreux sponsors avaient pris place samedi dans un salon select d’un grand hôtel mulhousien. Au-delà de l’annuelle assemblée générale de la section volley de l’ASPTT Mulhouse, ce moment était chargé d’émotion, puisqu’il actait le départ de la présidence de Gérard Reeb, qui a passé la main à Daniel Braun.
Dans son lyrisme habituel, l’ex-président a évoqué longuement l’historique depuis dix ans, l’importance de la formation dont plusieurs internationales ont bénéficié, tout comme la confiance envers les jeunes joueuses qui ont rejoint l’équipe professionnelle vers 17 ans (Christina Bauer, Déborah Ortschitt), éléments désormais indispensables en équipe de France.
Certains étaient très touchés et ils avaient du mal à retenir leurs émotions, notamment en se remémorant l’épopée des six saisons en Champion’s League. À la fin de sa prolifique allocution, le presque retraité présentait un bâton à l’assemblée, comme un passage de témoin. En amoureux de la langue hellénique, Gérard Reeb continuait : « Mais vous avez compris que ce n’est pas un passage de témoin, mais… un kaléidoscope. Je le secoue et des images flottantes prennent une densité fixe par l’évocation de notre histoire mélangée ».
Tous les intervenants reconnaissent son humanisme, son respect, sa considération envers les autres mais aussi son caractère affirmé à certaines occasions. Jean Rottner, le maire de Mulhouse, tenait à venir malgré son emploi du temps chargé. « Je ne suis pas ici d’un quelconque point de vue politique mais en tant qu’ami. Tu as développé des valeurs essentielles, en allant vers les autres, ne refusant pas les sollicitations et essayant de satisfaire au mieux les gens que tu rencontrais ».
Daniel Braun le remerciait vivement, notamment pour prendre les rênes de l’ASPTT, « un club stable et qui est une référence sportive. J’apprécie le côté humain et l’esprit de solidarité dans cette grande famille. Je m’y sens bien, déjà ». Celui-ci l’a constaté lors d’une journée de séminaire, aussi fructueuse professionnellement que chaleureuse.
Avant de se confier personnellement après l’assemblée générale, il appuyait sur le fait que tous les événements qu’il a pu apprécier ont été une œuvre collective.
Émotions au firmament
Gérard Reeb a vu que « les autres étaient très émus car il y a une séparation qui fait que des liens sont presque déchirés. Je ne l’étais pas particulièrement, sauf à la fin (de mon discours). Je m’y étais préparé, depuis longtemps, ce n’était pas une rupture, cela s’est fait progressivement. Il y a eu des chevauchements qui ont rendu les choses plus faciles ».
Il est aussi revenu sur les raisons de son départ : « Pour moi, c’est une question d’âge car je vais sur mes 75 ans. Rester encore, c’était quelque peu décourager d’autres entreprises, il était nécessaire que le flambeau soit repris. Après on n’arrive plus, on se calcifie, on gèle, on devient de la banquise. Il faut véritablement que du sang nouveau arrive pour que ça continue de verdir. Mais aujourd’hui, c’était vert, à l’inverse de la grisaille au-dehors. C’était au beau fixe, il y avait beaucoup de bleu ce samedi matin. Dans les paroles, c’était gai, il y avait de la vie. Plus tu avances en âge, plus tu risques que ce soit moins vivant. C’était le bon moment de quitter l’ASPTTM pour que la vie se poursuive, sous d’autres manières pour se pérenniser ».
Une cueillette fructueuse
L’ancien professeur de lettres pense que tout ce contexte ne va pas lui manquer : « Je suis chercheur de morilles depuis 40 ans, ce sont des champignons fidèles, je sais où elles sont. Elles ne bougent pas. Même avec une mauvaise saison, on sait où elles se trouvent. Je ne les vois plus très bien en raison de problèmes aux yeux. Il en est de même avec le sport car je sais comment cela va se passer. J’ai des antennes encore partout qui font que, dans l’ensemble, je verrai par d’autres yeux. Le palmarès et les résultats obtenus du meilleur club alsacien depuis la nomination du président désormais retraité est une belle cueillette de titres tant chez les pros que chez les jeunes. Nous avons tous travaillé ensemble, dans le même sens et nous avons eu beaucoup de plaisir parce qu’il y avait une homogénéité sur plusieurs plans. Il n’y avait pas de paresseux. Ma satisfaction est que, comme un capitaine, je suis arrivé à tirer le meilleur de chacun ». Daniel Braun, son successeur, sait qu’il n’aura pas la tâche facile mais l’avenir est éclairé par un phare bien visible pour que le navire mulhousien poursuive son cap.