L'Alsace du 21/01/14 : Alexia Djilali est à nouveau d’attaque
En deux rencontres, à Târgu Mures et à Terville, Alexia Djilali a retrouvé un rôle à sa mesure au sein de l’ASPTT Mulhouse, qui accueille les Roumaines pour une place en quart de finale de la Coupe d’Europe, demain (20 h) au Palais des sports.
Son sourire, Alexia Djilali (26 ans) ne l’a jamais perdu. Au plus profond de son désarroi, elle est l’éternelle gentille fille qui ne se plaint jamais, quitte à cacher son malheur. En revanche, elle est du genre à s’en vouloir pour un rien. Et c’est le seul cas de figure qui ne l’amuse pas. Or, cette gamberge a pris des proportions d’autant plus inquiétantes que son corps l’a abandonnée à l’heure des grandes échéances.
« J’en avais marre d’être un poids mort pour mon équipe »
En 2011, l’équipe de France lui ouvre ses portes, mais Alexia Djilali décline sa sélection pour se faire opérer de l’épaule. « Parce que j’en avais marre d’être un poids mort pour mon équipe , raconte cette dernière. Marre qu’on ne puisse pas compter sur moi avec une épaule en vrac. »
Le championnat suivant est celui d’une longue période de rééducation avant un retour timide qui devait déboucher sur la grande saison en cours. Une saison marquée d’entrée par un retour en équipe de France, jusqu’à ce soir de décembre 2013 quand, à la veille de jouer les Luxembourgeoises de Walfer en Coupe d’Europe, l’épaule lâche une fois de plus. Le rêve bleu d’Alexia se termine avant d’avoir commencé et la cheville en rajoute dans le genre mauvais tour… L’entorse est suffisamment sérieuse pour prolonger la période d’indisponibilité jusqu’à l’avant-veille du match de la semaine dernière en Roumanie. Et là, le moral est au plus bas…
Dans le hall de l’hôtel Continental où les joueuses se regroupent en attendant le bus qui les emmènera à l’entraînement, Alexia Djilali ne cache pas ses doutes. « Je me pose la question de savoir si je vais encore continuer le haut niveau, confie l’attaquante mulhousienne. J’enchaîne les blessures quand ce n’est pas un problème d’allergie… Et ça me saoule ! »
« S’il lui était arrivé quelque chose, je pense que son toubib m’aurait tuée ! »
Le lendemain, c’est l’épaule d’Ana Lazarevic, l’internationale serbe, qui lâche quelques instants avant le coup d’envoi face à Târgu Mures. Magali Magail tarde à lancer Alexia Djilali dans le bain. « Elle restait sur un mois sans entraînement et la fin de son arrêt de travail datait de 48 heures à peine, avoue le coach postier. S’il lui était arrivé quelque chose, je pense que son toubib m’aurait tuée ! » À deux sets à zéro pour les Roumaines, le choix ne se discute plus. Il faut changer quelque chose… Alexia rentre et enregistre des stats de belle facture, avec 53 % de réussite offensive (8/15) et un ace. À deux sets partout, Alexia cède sa place et l’ASPTTM s’incline au tie-break. Le chat noir est devenu porte-bonheur…
« Je ne peux pas me réjouir de ma performance puisque nous avons perdu , relativise l’attaquante mulhousienne. Mais le simple fait d’avoir été utile à mon équipe me fait le plus grand bien. J’ai l’impression d’exister à nouveau ! » Et, comme s’il fallait une confirmation pour marquer la fin du long tunnel, Alexia Djilali enchaîne à Terville, samedi dernier, une nouvelle prestation honorable qui fait état de douze points dont dix attaques gagnantes sur 22 tentées. En quatre jours, elle aura enregistré un capital offensif plus important que son total cumulé sur les onze premières journées de championnat, qui est de 20 points en attaque… « Ce qui m’a plu, à Terville, c’est qu’après avoir mal débuté, Alexia a su relever la tête pour ensuite peser sur le match, apprécie Magali Magail. On a retrouvé une attaquante ! »
Demain à 20 h au Palais des sports, les Roumaines de Târgu Mures vont tomber sur un os si elles s’imaginent qu’Alexia n’est qu’une gentille fille !
Article signé Christian Entz