L'Alsace du 27/10/14 : La nouvelle marque américaine
Contingent le plus fourni en Ligue A féminine, les Etats-Unis ont déjà marqué de leur empreinte le championnat de France. À l’image de Stéphanie Niemer à l’ASPTTM, les Américaines ont été les meilleures marqueuses du week-end pour 7 clubs sur les 9 qui ont choisi l’option US.
Après la vague bulgare au milieu des années 90 et l’invasion serbe après 2000, la Ligue A féminine fait l’objet d’une arrivée massive de 21 joueuses américaines que le récent titre mondial ne suffit pas à expliquer.
« Elles ont un état d’esprit qui n’existe pas ailleurs »
« Ce sont les opportunités avec les agents de joueurs qui nous ont amenés à recruter des Américaines, explique Magali Magail pour justifier le choix mulhousien. Quand je recrute, je cherche des profils. Lauren Plum – la passeuse – et Stéphanie Niemer – l’attaquante – avaient le profil qui m’intéressait. À côté de ça, elles ont un état d’esprit qui n’existe pas ailleurs ».
À quelques exceptions près, notamment la talentueuse Rita Crockett, la joueuse américaine évoluant en Europe était souvent assimilée au « gros bourrin », telle Keba Phipps ou autres Nancy Metcalf, chargé de porter le coup de grâce. Récemment à Mulhouse, dans la catégorie « ça passe ou ça casse », Regan Hood et Kristy Jaeckel avaient confirmé cette donnée que Stéphanie Niemer relativise quelque peu aujourd’hui.
Samedi, face à Béziers, la native du Kentucky a fait preuve d’autant de force que d’adresse pour figurer au rang de meilleure marqueuse mulhousienne (4 aces et 10 attaques gagnantes) mais avec un apport précieux dans le jeu et, notamment, en défense. Ce qui a également été le cas pour Bianca Rowland (20pts), Kathleen Slay (19pts) et Korrin Wild (10pts) qui ont inscrit les deux tiers des points marqués par Vannes (49/74) face à Istres. Promues en Ligue A, les Vannetaises, qui seront à Mulhouse ce vendredi à 20h30, ont même été à deux doigts de créer la grosse surprise de la 1re journée de championnat en menant 14-11 au tie-break face à Istres avant de perdre 14-16.
« Les Américaines ont remplacé les filles de l’Est »
Les championnes de France cannoises, quoique chahutées par une belle équipe parisienne sans Américaines (25-21, 25-23, 22-25, 25-20), n’ont pas échappé à la tendance. À la conclusion, c’est Juliann Faucette qui s’est avérée la plus efficace (16/26 en attaque, 62 % de réussite) devant sa compatriote Logan Tom (13pts dont 4 aces). « Ce n’est pas un hasard si les Américaines ont remplacé les filles de l’Est, explique Jan Fang, le coach cannois expert en la matière. D’abord, les Américains ont sorti de nombreux joueurs, arrivés en fin d’études, de leurs universités. Il y a 260 Américains qui jouent en Europe dont 150 joueuses. Le niveau a baissé en Europe parce que, longtemps, le volley féminin reposait sur les qualités physiques. Aujourd’hui, il faut être physique et technique. Et il suffit de regarder le dernier classement des championnats du monde féminins avec les États-Unis, la Chine et le Brésil sur le podium, pour en être convaincu. Ce sont les nations les plus techniques qui ont terminé en tête ».
À cela, se rajoute une réalité économique. La plupart des Américaines qui évoluent en France ont vécu, récemment, de leur bourse étudiante et donc avec peu de moyens. « Venir en Europe est une expérience sportive et humaine » , confirme Lauren Plum, la passeuse mulhousienne. Et en attendant que le volley turc, russe ou azéri, ne fasse monter les enchères, l’Américaine, à l’exception de Juliann Faucette et Logan Tom, reste abordable pour les finances de clubs français. Soit un qualificatif tout aussi déterminant que les superlatifs qui l’accompagnent.
Article signé Christian Entz