L'Alsace du 30/10/14 : ASPTTM-Volley : 40 ans ont passé
Valeur sûre du volley féminin en France, l’ASPTT Mulhouse n’était pas promise au statut qui est le sien quand la joyeuse bande à Lucien Kubler, en quête d’un club, a frappé à la porte du club postier en 1974.
L’histoire des volleyeuses de l’ASPTT Mulhouse débute en 1973 quand l’AS Clemessy quitte le championnat civil. « On était à la rue, se souvient Lucien Kubler qui a été l’entraîneur emblématique des postières jusqu’en 1984. J’ai eu, alors, la chance de frapper à la bonne porte… Celle de Daniel Bruder qui m’a conseillé d’aller voir l’ASPTT Mulhouse. Je suis allé voir Eugène Mambré en lui expliquant que j’avais une équipe de filles mais plus de club. Et, j’ai eu de la chance… Je ne sais toujours pas si c’est parce que j’avais une bonne tête ou si c’est parce que j’avais été joueur au Racing en N1. Mais toujours est-il que le club postier m’a pris au sérieux… Deux heures après notre entretien, j’avais déjà le carnet de chèques du club et une double casquette de président-entraîneur ».
Ce coup de chance n’a été que le début d’une longue série. « On est entré par la petite porte dans un championnat d’Alsace que la Colmarienne dominait depuis des années , poursuit Lucien Kubler. Mais, pour la première fois, le championnat régional 74-75 allait être qualificatif pour le championnat de France avec une accession directe en nationale 2. Il n’y avait alors que deux niveaux… La N2 et la N1. Le titre était promis à La Colmarienne. Mais, dans mon équipe, j’avais sept profs de sports en parfaite condition physique et on a fini par avoir les Colmariennes à l’usure dans nos oppositions directes. Elles avaient mené deux sets à zéro et encore dans la 3e manche que nous avons finalement arrachée 16-14. Et, dans le 5e set, on perdait 1-12 avant de renverser la situation ». Grâce à cette incroyable victoire, l’ASPTT Mulhouse prenait la succession du FCM de la fin des années 50. Et, depuis, le club postier n’a plus jamais quitté le contexte national.
À l’époque, une joueuse à 1,80m était géante. Ce qui a été le cas de Mano Koenig qui, avec Josiane Castets, a été de toutes les accessions. De celle en championnat de France jusqu’à la montée en nationale 1 (en 1982).
Aujourd’hui âgée de 68 ans, Mano Koenig garde le meilleur souvenir des glorieux débuts : « En tout cas, je ne regrette rien… On ne peut pas comparer la vie de volleyeuse que nous avions à l’époque et celle d’aujourd’hui. Il n’y avait pas autant de moyens… Pourtant, je ne changerais rien s’il fallait recommencer. Les liens qui nous unissaient à l’époque, au sein de l’équipe, étaient très forts. On traversait la France, le jour du match. Dans le train, c’était de la grande dégustation. Chacune faisait son gâteau et tout se partageait ».
Moyen de transport et réfectoire occasionnel, le train servait aussi de vestiaires pour combler ses retards. « Cela a été le cas lors d’un déplacement dans le Nord, poursuit Mano Koenig. On devait jouer à Lille et quarante minutes avant le coup d’envoi, nous étions encore dans le train. Nous n’avions plus une minute à perdre. Il a été décidé de se changer dans le train. Le problème, c’est que c’était un train sans compartiment… On s’est donc retrouvé en slip et en soutien-gorge au milieu des voyageurs pour enfiler nos shorts et maillots. Je ne sais plus si on a gagné ou perdu… Par contre, on n’est pas passé inaperçu ! »
Le début de la gloire postière à peut-être trouvé son origine dans cet effeuillage improvisé. Car aujourd’hui encore il faut bien admettre que, si les postières ont su obtenir leurs lettres de noblesse, jusqu’à goûter à la prestigieuse Coupe d’Europe, c’est parce qu’elles savent se dépouiller… Sur le terrain.
Article signé Christian Entz