L’ALSACE DU 05/11/2017 : La peur au ventre
L’ASPTT Mulhouse a tremblé, vendredi soir face à Évreux, avant de s’imposer au tie-break. Les deux points de pris, compte tenu de la prestation des Mulhousiennes et du lourd handicap qu’elles ont eu à effacer, tiennent du miracle.
Les volleyeuses ébroïciennes ont poussé les Mulhousiennes dans leurs derniers retranchements (3-2), vendredi soir en Alsace, et confirmé que leur victoire aux dépens du Cannet ne tenait pas du hasard. Mais en l’absence de la passeuse de l’équipe de France, Oriane Amalric, et de l’attaquante de pointe d’Évreux, la Lituanienne Monika Salkute, l’ASPTTM a bénéficié d’un contexte favorable dont elle n’a pas su profiter
« L’équipe que j’ai vue face à Évreux n’est pas celle que je vois tous les jours aux entraînements »
« L’équipe que j’ai vue face à Évreux n’est pas celle que je vois tous les jours aux entraînements, avoue Magali Magail. On joue mieux contre Béziers parce qu’on ne doit pas… À Nancy, face à Évreux, on joue avec cet impératif « on doit ! » et donc avec la peur au ventre. » Et face à des équipes qui n’ont rien à perdre, il arrive ce qui est arrivé vendredi soir.
« Évreux a connu le même problème, se défend le coach postier. Contre Chamalières et Quimper, ses concurrents directs, cette équipe a perdu et gagné de justesse au tie-break. Face au Cannet et contre nous, elle n’avait aucune pression à gérer. » Ce à quoi Olivier Lardier, le coach ébroïcien, abonde quand il dit : « On est venu en se disant qu’il fallait être impertinent et ambitieux face à un adversaire comme Mulhouse et prendre tout ce qui était à prendre ! » Et cela a failli réussir quand les Normandes ont mené à l’issue du 3e set en contraignant l’état-major mulhousien à renvoyer ses titulaires sur le banc et à faire appel aux remplaçantes.
« Il fallait provoquer un électrochoc, confie Magali Magail. Et jouer avec des mortes de faim pour retrouver la rage qui nous faisait défaut. » Les Mulhousiennes se partageaient alors entre apathie et fébrilité à l’image d’une réception catastrophique avec 19 % de balles parfaites, selon le staff postier, et 15 % pour les stats de la Ligue nationale, sur l’ensemble du match. Les attaquantes n’étaient pas plus heureuses avec des pourcentages d’efficacité bien en dessous de la moyenne, mais avec de larges circonstances atténuantes… Une balle sur trois n’était pas attaquable !
« J’étais prête à jouer avec cette rage qui fait partie de moi ! »
Pour la première fois depuis bien longtemps, les sifflets ont dégringolé des tribunes et il a fallu attendre que l’ASPTTM soit au creux de la vague, d’abord à 6-11 au 3e set avec la rentrée de Carla Rueda Cotito, en attendant le fameux six de base inédit avec Bojana Markovic, Lexi Dannemiller, Lara Davidovic, Carla Rueda Cotito, Olga Trach et Ciara Michel, pour assister au sursaut d’orgueil local. « En rentrant en jeu, je me suis dit ‘‘Ne stresse pas et donne toi’’, raconte Lara Davidovic qui, avec Olga Trach, Léa Soldner et Ciara Michel, a été à l’origine du retournement de situation. Je restais sur une belle semaine d’entraînement et j’étais prête à jouer avec cette rage qui fait partie de moi ! »
Brouillonne quatre sets durant, l’ASPTTM a retrouvé un semblant de superbe au tie-break en se rassurant d’abord (8-1) avant de s’arracher (10-7, 15-8) pour signer sa 3e victoire en championnat. « Tout n’est pas à jeter dans ce match , relativise Magali Magail. On a vu qu’on aura besoin de tout le monde cette saison ! » L’aveu est à méditer au sein d’un groupe où certaines responsabilités sont déjà trop figées à défaut d’être assurées.
Le prochain déplacement à Nantes, pour un match implanté à Beaulieu pour répondre à la probable affluence (4 000 personnes seraient attendues), sera révélateur de la faculté à réagir du collectif mulhousien. En attendant, l’ASPTTM se satisfait de sa victoire au tie-break avec moins de remords qu’Évreux.
« Quand on joue les championnes de France chez elles et qu’on s’appelle Évreux, perdre au tie-break, c’est forcément un bon point de pris, avoue Olivier Lardier, le coach ébroïcien. Mais au vu du match, on peut avoir quelques regrets. » C’est le moins que l’on puisse dire…
Article signé Christian Entz