L’Alsace du 11/03/2016 : Léa Soldner à dure école

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Un sport, une ville, un territoire

L'Alsace du 11/03/2016 : Léa Soldner à dure école

Léa Soldner a pris le relais des plus illustres Faesch, Bauer et autres Ortschitt pour assurer la représentation alsacienne dans le collectif des pros de l’ASPTT Mulhouse, qui affronte Paris/Saint-Cloud, demain à 20 h, au Palais des sports.

Léa Soldner, c’est cette p’tite jeune qui porte le n° 9 à l’ASPTT Mulhouse et dont la vocation sur un terrain est exclusivement défensive. Libéro en équipe de France juniors, elle seconde Marielle Bousquet, à Mulhouse, pour soulager les grandes centrales pas forcément à l’aise sur les postes arrières. Pour se jeter sous les ballons catapultés par les Kodola, Vindevoghel et autres Schleck, pour ne citer que les attaquantes les plus percutantes de la Ligue A féminine, il faut une certaine dose de courage. Or, de ce courage, Léa Soldner en a à revendre !

« Depuis que je suis petite, je rêve de devenir enseignante »

À 20 ans, elle est la digne héritière d’une famille qui n’a toujours vécu qu’avec un ballon. Sandra et Bertrand Soldner, les parents, ont été des valeurs sûres du championnat de France sous les couleurs de Rixheim et de l’ASPTTM pour l’une, de l’USM, Richwiller, et Kingersheim pour l’autre. Léa et son petit frère Lucas ont pris la relève. Ce dernier est actuellement sociétaire du Centre National du Volley-ball à Montpellier (CNVB) et Léa est bien partie pour être une grande pro. Les progrès affichés par cette dernière, entre ses débuts de l’an dernier en Ligue A et aujourd’hui, sont de nature à convaincre. De toute évidence, Léa Soldner a du talent, mais aussi du caractère. Un caractère forgé à la dure école de la vie !

À 15 ans, après près de dix années au service du VBC Kingersheim, elle a quitté le confort du cocon familial pour rejoindre le Pôle France de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et se frotter à la concurrence des meilleures joueuses de sa génération. De là, elle est passée à l’institut fédéral (IFVB) à Toulouse, fief de l’équipe de France juniors, avant de venir à Mulhouse en 2014. « C’était assez impressionnant, ce début chez les pros , se souvient Léa Soldner. Quand tu as l’habitude d’avoir des filles de ton âge pour partenaires d’entraînement et que tu te retrouves, du jour au lendemain, au milieu des Bokan, Albu ou Niemer, ça surprend ! Il y a un monde entre la N1 avec l’IFVB et les pros ! » Dotée d’un solide tempérament, Léa Soldner a franchi le cap avec succès et présente désormais des arguments sérieux pour justifier de la confiance de son coach, Magali Magail. « Je craignais un peu cette saison , avoue la jeune Mulhousienne. Je quittais le lycée pour entrer à l’université et suivre un cursus Sciences de l’éducation, tout en poursuivant ma carrière de volleyeuse. Ma crainte, c’était de mettre une croix sur une de mes passions. Depuis que je suis petite, je rêve de devenir enseignante. Et le volley, c’est toute ma vie ! Finalement, à part un entraînement dans la semaine, je ne rate rien ».

« Actuellement, le volley me sauve ! »

Le courage de la joueuse est cependant très loin de celui de la jeune femme qui partage au quotidien le combat que livre son père contre la maladie. Une situation qui rend bien futile le bonheur d’une victoire ou d’une performance. « C’est là que ma passion pour le volley prend toute son importance, confie Léa Soldner. Actuellement, le volley me sauve ! Je me partage entre l’université, l’entraînement et l’hôpital. Alors, quand je rentre au Palais, je me vide la tête… Je profite d’un point gagnant pour crier. Pour évacuer. Et ça fait le plus grand bien ! Je suis à ses côtés et je partage sa douleur. Mais je ne changerai rien à la maladie de mon père ».

Les trémolos dans la voix de Léa témoignent bien de l’émotion qui la submerge, mais qu’elle affronte avec courage. Un courage qui est une marque de fabrique pour quelqu’un qui ne veut ressembler à personne. « J’ai adoré le tempérament d’une Anna Rybaczewski et je suis impressionnée par les libéros de Zurich, l’Américaine et la Serbe. Mais je n’ai jamais été fan de personne, poursuit Léa Soldner. Mes parents, dont j’étais la marqueuse officielle quand ils jouaient à Kingersheim, m’ont inculqué des valeurs et j’essaie d’en tenir compte dans la vie et sur le terrain. Je suis comme je suis. Je ne suis pas parfaite… Mais c’est à prendre ou à laisser ! »

 

Article signé Christian Entz