L'ALSACE DU 12/05/2017 : La rançon de la gloire
L’ASPTT Mulhouse vient à peine de savourer sa magnifique saison ponctuée du titre de championne de France que déjà l’état-major postier s’attelle à préparer la suivante. En l’absence d’engagement concret de la part des collectivités et de nouveaux partenaires, les incertitudes demeurent.
Le titre de championne de France des Mulhousiennes est trop beau pour s’en plaindre. Mais toute médaille a son revers. Que ce soit le collectif mulhousien dont chaque entraîneur de Ligue A féminine vante aujourd’hui les qualités ou les individualités, l’ASPTTM a pris de la valeur, dans tous les sens du terme.
Révélation de la saison et jusque-là inconnue en Europe où le marché des transferts est le plus florissant, la Portoricaine Daly Santana a vu ses actions flamber. Une tendance à laquelle l’internationale grecque Athina Papafotiou, sacrée meilleure passeuse de la Ligue A féminine pour la 2e année consécutive, n’échappe pas. Or, si la qualification des Mulhousiennes pour la Ligue des champions constitue un argument de choix pour retenir ces dernières, elle a aussi un coût.
Pour avoir le droit de jouer dans la cour des grands avec Istanbul, Bakou et les meilleurs clubs russes, polonais et italiens, il faut payer et assumer un cahier des charges particulièrement lourd. Dans l’état actuel des choses – et si la situation n’évolue pas ces prochaines semaines -, le club postier sera contraint de réduire son effectif pour rester à l’équilibre au niveau financier. Or, la logique voudrait que, pour répondre aux exigences de la Ligue des champions avec la répétition des matches et des déplacements, l’équipe puisse compter une à deux joueuses de plus pour mener de front le championnat et la Coupe d’Europe. L’équation n’est pas simple à résoudre. Et avec l’inertie qui caractérise les élus mulhousiens quand il s’agit de sport de haut niveau, il n’est pas certain que la solution soit trouvée à temps pour négocier ce qui doit l’être à court terme.
Une alchimie à préserver
Compte tenu de leurs obligations internationales, l’essentiel des recrues postières aura quitté la place d’ici la fin de semaine sans savoir qui, de cette fine équipe, reviendra pour défendre les couleurs mulhousiennes la saison prochaine. Ce qui est certain, c’est que l’Américaine Kristy Jaeckel-Schmieder et la Franco-Roumaine Alina Albu-Ilie veulent mettre un terme à leur carrière professionnelle. Soucieuse de renforcer le compartiment des contreuses centrales, Magali Magail a fait de ce poste une priorité. Olga Trach, capable de se mettre au diapason des meilleures, et Angie Bland, à l’apport important en play-off, seraient en droit de l’occuper une saison supplémentaire. Ce qui est aussi le cas pour toutes les autres joueuses, à l’image de la Colombienne Maria-Alejandra Marin, à la bonne humeur indispensable et d’autant plus belle qu’elle est rare chez une doublure.
Le titre des Mulhousiennes est le fruit d’une compétence technique et physique. Mais il est aussi le résultat d’une alchimie réussie sur le plan humain. Il n’y a qu’à voir l’évolution de Magali Magail dans le domaine relationnel, l’entente exceptionnelle qui a caractérisé ce groupe et les liens tissés entre les joueuses et le public, pour s’en convaincre. Comme le sacre de championne de France, c’est du jamais vu à Mulhouse. À ce titre, il faut souhaiter que ce collectif reste en l’état. « Nous avons écrit la première ligne de notre histoire. Désormais, il nous faut la faire durer », ne cache pas le président Daniel Braun, sur lequel l’avenir du volley féminin mulhousien repose.
Article signé Christian Entz