L'Alsace du 16/04/15 : Le Palais a perdu une princesse
Les larmes étaient particulièrement de circonstances, hier soir, au Palais des sports. Battue 3-0 par le Stade-Français/Saint-Cloud, l’ASPTTM a mis un terme à sa saison. Quant à sa capitaine, Armelle Faesch (33 ans), elle a fait ses adieux après dix années de bons et loyaux services, de passes aussi, à Mulhouse.
La 2e défaite de rang des Mulhousiennes face aux Parisiennes, hier soir en quart de finale retour des play-offs de la Ligue A féminine, a été fatale à l’ASPTTM qui, pour la 2e année consécutive, ne s’est pas qualifiée pour la Coupe d’Europe. Le hasard veut que ce soit ce même Stade-Français/Saint-Cloud qui condamne le club postier après lui avoir cédé, cette saison, sa place en… Coupe d’Europe.
Les yeux humides d’Armelle Faesch, dès l’échauffement, trahissaient une émotion légitime et, quelque part, un mauvais présage. Celui d’un match marqué par ses adieux et d’une fin de saison précipitée. Et c’est bien ce qu’il faudra retenir de cette triste soirée au Palais, à défaut des péripéties d’un match trop vite mal emmanché. À 4-9 au 1er set, les chiffres étaient accablants pour l’attaque mulhousienne qui se heurtait à une solide défense parisienne bien articulée autour de la jeune Lisa Menet-Haure. Sur 17 tentatives, l’ASPTTM n’avait marqué que trois points pendant que le Stade-Français affichait 50 % de réussite offensive (6/12). Ce qui devait se traduire logiquement par le gain de la manche initiale (15-25) où seule Tanja Bokan, côté local, avait surnagé en attaque (4/9).
« Quand j’ai vu qu’on n’arrivait plus à relever la tête, j’ai compris que le moment était arrivé »
Plongée dans une certaine misère, l’ASPTTM s’offrait toutefois quelques illusions quand Tanja Bokan prenait le service à 15-16 pour réussir une impressionnante série avec la complicité de Stéphanie Niemer (21-16). Mais il ne s’agissait que d’un feu de paille… À trois points du set (22-18), les Mulhousiennes craquaient. Stéphanie Niemer se faisait attraper par le contre de Maud Catry (22-20), Tanja Bokan sortait son attaque (22-21) et Ana Lazarevic oubliait qu’elle était en poste au filet (22-23) avant le coup de Grace Carter au service (22-25).
La suite n’était guère meilleure avec un 3e set à sens unique (0-4, 1-7, 6-10, 12-18, 19-25), malgré les efforts d’Alina Albu et de Lauren Plum qui avait suppléé Armelle Faesch à la passe. « C’est dur de finir comme ça, avouait cette dernière. J’ai pensé toute la journée à cet instant et encore plus à l’échauffement. On avait bien commencé et je me suis dit que ça ne serait pas pour aujourd’hui (hier). Mais quand j’ai vu qu’on n’arrivait plus à relever la tête, j’ai compris que le moment était arrivé. »
Gamine douée, championne de France pour la première fois avec les juniors de Saint-Louis avec ses copines Poliméni, Wettlé, Kilama et déjà une certaine Anna Rybaczewski – qui officiait hier soir au micro d’Eurosport -, Armelle Faesch n’a pas attendu le nombre des années pour remporter ses plus prestigieux trophées. L’année de ses 18 ans, elle est championne de France avec les pros de Cannes aux côtés des Ravva et autres Zhou Hong. En 2002, elle participe à la conquête de la première Ligue des champions avec Cannes avant de transiter par Melun-Rochette et Riom sur la route qui l’amène à Mulhouse en 2005. Elle y vivra une dizaine de finales, dont six en championnat.
Hier soir, au coup de sifflet final, Armelle Faesch, la larme à l’œil, ne cachait pas son émotion en s’imprégnant de ses dernières images vues du terrain. « J’ai vécu de grands moments dans ce Palais , confiait-elle entre deux sanglots. En dix ans, j’y ai amassé beaucoup de souvenirs… » Notamment de mémorables succès en six saisons de Ligue des champions, toutefois marquées par davantage d’illusions. « Mais le plus beau souvenir restera notre victoire en finale aller des play-offs face à Cannes ». C’était en 2008… Et, depuis hier soir, cette époque semble très, très, très lointaine…
Article signé Christian Entz