Au lendemain de la défaite face à Cannes, le réveil a été très matinal avec, toujours, des cauchemars plein la tête. C’est dans cet état, un rien gueule d’enterrement, que les Mulhousiennes se sont envolées pour Cracovie via Munich.
Au fil du voyage les visages ont fini par se dérider jusqu’à offrir quelques sourires pleins de pudeur et quelques rires plus joyeux en soirée. On n’évacue pas une piètre prestation sans culpabiliser ! La dernière partie du voyage, 180 kilomètres en bus entre Cracovie et Rzeszow, pour arriver à destination à la nuit tombée – à 16h, il fait nuit à l’extrême Est de la Pologne -, a été utile pour tourner la page en commun. Lucide, François Salvagni appréciait la communion du moment : « C’est bien mieux de prendre deux avions puis encore un bus (2h de route) plutôt que d’être à la maison en train de cogiter ». Les Mulhousiennes ont été mises dans le même sac à l’issue de la défaite face aux Cannoises et ce n’est qu’ensemble qu’elles pourront s’en sortir. « Même si on a toutes très mal dormi après la défaite, nous avons un groupe qui vit bien confiait Léandra Olinga Andela. Malgré les défaites, il n’y a pas de langue de vipère ! »
En plein cœur de la Voïvodie, le VMA a retrouvé un autre monde où le volley est roi mais où la guerre ne frappe pas loin. Les hôtels occupés par les réfugiés ukrainiens, les cortèges de blindés qui traversent la ville et la base militaire américaine installée à côté de l’aéroport sont là pour rappeler, malheureusement, qu’un missile ne se limite pas au langage sportif pour vanter une attaque puissante ou un service dévastateur.
Lundi, en fin d’après-midi, en foulant le taraflex du Hall RCWS Podpromic à Rzeszow, le groupe mulhousien était partagé entre celles qui vont y vivre un baptême en Champion’s League et celles qui y font leur grand retour. Pour Hélène Rousseaux-Feray ce retour s’apparente même à un pèlerinage. C’est là que l’ex-internationale belge a évolué de 2017 à 2019 en marquant de son empreinte le championnat polonais en étant la meilleure attaquante et la meilleure marqueuse de la Tauron Liga. « Je ressens une belle émotion, avouait Hélène Rousseaux-Feray. Les bons souvenirs reviennent en mémoire et les retrouvailes – notamment avec Thibaut Rossard du Resovia, l’ex-coéquipière serbe Jelena Blagojevic et Bartek l’assistant-coach -…. C’est très agréable ! »
Léandra Olinga Andela se souvient que c’est face à Rzeszow, en 16es de finale de la Coupe de la CEV en 2019, qu’elle a fait l’un de ses meilleurs matches avec 18 points au compteur. « Deux matches joués au tie-break avec une défaite en Pologne et une victoire au retour. Un match que je classe dans mon top 3 ! » Un souvenir partagé avec Léa Soldner, la seule Mulhousienne à avoir disputé les quatre confrontations européennes entre l’ASPTTM et Rzeszow.
Ce théâtre d’exploit a également été celui de Julie Oliveira Souza qui y a déposé sa carte de visite, entre 2019 et 2021, avec Legionowo Legionova . « Nous y avions perdu 1-3 puis 2-3 mais en faisant de bons matches, raconte la grande Mulhousienne. J’ai marqué 19 points dans l’un et 29 dans l’autre ! »
A défaut de souvenirs, Julia Casadéi, Christelle Nana Tchoudjang et Victoria Mayer ont ouvert les yeux en grand face à ce complexe sportif, capable d’accueillir plus de 4000 spectateurs, qui servira de décor à un baptême en Coupe d’Europe… Un baptême, ce mardi à 18h, que chacune espère inoubliable.
Article signé Christian Entz