Léandra Olinga Andela n’a pas connu le parcours le plus simple dans sa vie de sportive. Native du Cameroun, elle est arrivée en France en septembre 2003 à l’âge de 6 ans. Dotée d’un solide bagage physique, elle a brûlé les étapes jusqu’à disputer son premier match pro à 14 ans, sous le maillot d’Evreux,avant d’intégrer la filière fédérale au Pôle Espoir de Sablé-sur-Sarthe puis le centre national (IFVB). Le rêve en quelque sorte pour une jeune sportive qui marche sur les traces d’un père footballeur professionnel. Mais, elle était toujours camerounaise et ne pouvait pas porter le maillot de l’équipe de France dont elle est, aujourd’hui, un élément essentiel. Ce n’est qu’au printemps 2019, à Mulhouse, qu’elle a obtenu son passeport françaisaprès avoir lancé un appel à l’aide émouvant sur les réseaux sociaux.
Le parcours difficile de Léandra Olinga Andela ne s’est pas limité à cette seule frustration puisque dès sa première saison de titulaire en Ligue A féminine, à Evreux, elle a été victime d’une rupture des ligaments croisés au genou droit. Ce qui ne l’a pas empêché d’être sacrée meilleure contreuse du championnat en 2018, avec Evreux, et de connaître la même blessure au genou gauche en décembre 2020lors du match Nantes-ASPTT Mulhouse. Au fond du trou, elle a songé arrêter sa carrière à ce moment-là. L’ASPTT Mulhouse ne l’a jamais lâchée en lui garantissant les soins et la prolongation de son contrat pour contribuer à son retour au premier planau sein d’un groupe alors champion de France en titre (2021). La reconnaissance est rarement d’usage dans le milieu professionnel… Malgré de nombreuses sollicitations – une Française, titulaire potentielle d’un six de base, est une denrée rare et donc recherchée pour répondre à l’obligation du règlement qui impose la présence d’une joueuse issue de la formation française sur le terrain –, Léandra Olinga Andela a prouvé le contraire et prolongé son bail avec l’ASPTTM en respectant ses valeurs humaines qui en font une belle personne et un capitaine exemplaire.
« Je suis ravie de renouveler l’aventure pour une 5esaison avec l’ASPTT Mulhouse qui m’a donné l’opportunité de pouvoir encore m’exprimer sur le terrain après une grosse blessure, avoue Léandra Olinga Andela depuis la Bosnie-Herzégovine où elle dispute la Golden League avec l’équipe de France. Cette saison n’a pas été la plus facile mais elle m’a permis encore une fois de grandir. L’année prochaine, j’ai envie de performer encore plus avec une équipe qui, je pense, sera à la hauteur des challenges qui nous attendent. J’ai déjà hâte qu’on se retrouve au Palais des Sports pour de nouvelles aventures ! »
Sélectionnée au sein de l’équipe de France victorieuse de l’Espagne (3-0) et de la Bosnie-Herzégovine (3-1), à Harnes cette dernière semaine, Léandra Olinga Andela a suscité quelques inquiétudes en portant le maillot du… second libéro. Inquiétudes qu’elles écartent avec le sourire : « J’étais contente de retrouver le projet des Bleues. Comme beaucoup le savent, ça a été mon rêve pendant longtemps. Le groupe a bien évolué et j’espère pouvoir bientôt apporter ma pierre à l’édifice. De leur côté, les entraîneurs sont conscientsque j’ai joué toute une saison et que c’était une saison de reprise après une blessure importante. De surcroît,j’ai fini tard le championnat et ils ont préféré jouer la prudence et ne pas me surcharger… D’où mon maillot de libéro lors du premier match de Golden League. Mais tout va bien ! Je me prépare à être la meilleure version de moi-même ! »
En attendant son retour à Mulhouse, Léandra Olinga Andela retrouve, ce samedi à Tuzla, sa future coéquipière qui complètera le compartiment des contreuses centrales de l’ASPTTM. En l’occurrence, la Bosnienne Ajla Paradzik qui sera son adversaire d’un soir en attendant d’être sa partenaire.
Article signé Christian Entz